Cela va donc faire neuf mois que je travaille au Canada, il serait temps que je fasse un compte rendu.
Mon poste de travail (on peut voir ma boite a lunch, verte) |
Déjà, de manière générale et personnelle, je trouve que le fait d'avoir un travail est une partie importante de mon intégration dans ce pays :
- cela m'oblige à vivre comme les autochtones (sous l'angle immigré Français du terme : ici, un autochtone, c'est un amérindien ! Et appeler "autochtone" un "colon" (terme que je ne devrais pas utiliser ici, car il est péjoratif en québécois : "Personne manquant de civisme, culture, savoir-vivre") surprend (et fait beaucoup rire aussi parfois !)
- le dîner (pour mémoire, le repas du midi) est un grand moment de mon acclimatation culturelle : en plus d`écouter les collègues, je meuble les temps morts par le rituel de la question du Français, où j'interroge mes collègues sur des choses allant de "Est-ce c'est vrai qu'il faut toujours se garer dans le sens de la circulation?" (oui) à "Pourquoi les noms des partis changent entre le niveau de la Province et le niveau Fédéral ?" (j'ai pour l'instant éviter les questions sur le "Faut-il l'indépendance du Québec ?", qui sont potentiellement "touchy", comme on dit ici :) )
Sinon, quelques observations spécifiques sur mon travail - il va sans dire qu'avec une seule expérience dans une seule compagnie, je suis mal placé pour généraliser mon expérience, cependant, c'est grosso-modo corroboré par tous les autres immigrés que j'ai croisé.
- l'ambiance est sereine, la hiérarchie peu pesante : au quotidien, les relations sont très égalitaires, la chaîne hiérarchique n'est pas visible. (alors que je suis dans une administration, territoire usuellement fréquenté par les "petits chefs").
- Contribue à cela le fait que tout le monde se tutoie : la différence avec certains milieux en France, c'est qu'ici, c'est la norme générale de la société, et non une affectation pour faire chébran (et la, en employant ce terme, j'ai bien conscience d'accuser mon âge).
- les gens semblent distants : on ne sert la main que quand on se rencontre la première fois. Faire la tournée du bureau (ou de la table de la cafétéria en serrant les mains et claquant la bise est inimaginable. D'ailleurs, il a fallu un certain temps pour que mes voisins s'habituent à ce que je dise bonjour en arrivant à ma place (par contre, tu dis "bonjour" quand tu croises quelqu'un dans le couloir, on n'est pas des asociaux autistes non plus)
- De même on va chercher un café souvent tout seul, et de toute façon, on revient de suite à son bureau : je connais certains de mes ex-collègues qui seraient bien embêtés....
- mais en même temps, sur des temps spécifiquement "prévus pour", par exemple le moment du dîner, les gens sont très agréables et conviviaux : on ne mange pas dans son coin en 5 minutes.
- en fait, il me semble que l'attitude générale est qu'on est là pour travailler (plus ou moins intensément), pas pour papoter / perdre son temps.
- Au final, il y a un côté assez franc et plaisant qui découle de ceci : on n'a pas à faire des sourires à des gens que l'on ne connait pas ou que l'on n'apprécie pas.
- au final du final, je pense que tout ceci est la manifestation d'un certain pragmatisme nord-américain (qui s'observe sur l'ensemble de la société et de la culture).
Puisqu'il faut toujours comparer, et en rappelant mes réserves initiales sur toute généralisation de ma faible expérience, il me semble que l'ambiance est plus calme, plus saine qu'en France. Si tu fais correctement ta job (1), personne ne vient te poser des problèmes, histoire de marquer son territoire.
Vue d'ensemble de notre bureau (nous sommes 6) |
(1) job est effectivement un mot féminin en québecois, de même que Party est un mot masculin. Le party de bureau de Noël étant d'ailleurs un grand moment de la vie ici : pendant le temps des fêtes, il y a eu ici au moins 4 dîners (de ma compagnie, de la compagnie qui me sous traite au client final, du service ou je travaille, de la division informatique qui chapeaute le service) et trois partys (en soirée)).